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S01#11 Aurélien Marino – Happy Hours Market – La chasse au gaspillage !

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Depuis tout petit, Aurélien Marino entend cette phrase : « Termine ton assiette, ça ne va pas de gaspiller de la bonne nourriture ! » Cette phrase, nous l’avons tous entendue. Parfois avec des variantes du style : « Tu ne sais pas la chance que tu as d’avoir un si bon repas, il y a des personnes qui n’ont rien à manger et qui meurent de faim ! » En effet, celle-ci est moins fun et bien plus culpabilisante. 

Mais sur Aurélien, ça a eu son petit effet. En tout cas, il l’avouera sans peine, sa mère a eu beaucoup d’influence sur lui et, fatalement, sur les valeurs écologiques qu’il défend actuellement. C’est heureux, car le projet qu’il porte est tout bonnement excellent. Il s’est lancé dans la chasse au gaspillage en mettant au point tout un système de récupération des invendus des grandes surfaces et ainsi les mettre à disposition du grand public à moitié prix. Sa start-up s’appelle : « Happy Hours Market » 

Comment s’y prend-il ? Il a des camions qui, à jours et heures fixes, viennent se garer à un endroit dans une commune. Ces camions sont remplis d’invendus collectés auprès des supermarchés et c’est là que les clients peuvent aller chercher les commandes passées au préalable sur l’application que lui et ses partenaires ont développée. Simple comme bonjour ! Certes, encore fallait-il y penser. 

Mais que se passe-t-il avec les invendus des invendus ? Ils sont tout bonnement livrés à des associations dans des colis bien propres. Bref, un système 100% gagnant. Enfin, quand on dit « simple », il y a quand même des difficultés à surmonter. Et c’est dingue, mais en « off », Aurélien nous confiera que les épreuves ne sont pas venues de là où il les attendait. Non ! Les difficultés sont arrivées par des communes refusant le projet sur leur territoire prétextant telle ou telle excuse, mais au final, il s’agirait plutôt d’une méfiance et même carrément d’une peur de voir une « certaine population » venir sur son territoire. (NDLR : S’il vous plaît, gardez vos pauvres !) Ou encore des résistances de la part d’associations subsidiées qui voient d’un mauvais œil que des jeunes arrivent à faire mieux qu’eux sans aucune aide financière. 

Aurélien Marino un français à Solvay

Aurélien Marino est Français et a étudié à Solvay (ULB). Comme beaucoup d’autres ingénieurs de gestion, il s’est engagé dans la voie classique. C’est-à-dire, boîtes de consultance en stratégie style BCG, McKinsey, Bain, etc. On en avait déjà parlé avec Fabrice Williquet qui sortait d’HEC.

Il s’est engagé dans cette voie pour acquérir de l’expérience nous confiera-t-il. C’est d’ailleurs un conseil qu’il partage volontiers avec nos auditeurs. Si vous voulez vous lancer, faites-le ! On apprend tellement sur le tas… Si j’avais su, je m’y serais mis plus tôt. 

Une histoire de valeurs pour Aurélien Marino

Bref, Aurélien Marino sent bien qu’il y a un truc qui ne tourne pas rond dans les entreprises pour lesquelles il travaille. Les valeurs ! Il ne partage pas du tout, mais alors pas du tout les mêmes valeurs. De son point de vue, le but unique est le profit sans se poser trop de questions quant à l’impact de certaines décisions et si jamais l’on doit être un peu « green », c’est pour plaire et jamais ces valeurs ne sont réellement vécues. 

Or, les siennes sont fortement ancrées. Rappelez-vous, ça date de l’enfance quand sa mère lui disait de finir son assiette. Autant vous dire que cet ancrage remonte à loin, très loin. Il ne s’agit pas d’une prise de conscience de dernière minute. Il y a donc un décalage total entre ses valeurs et celles véhiculées par les entreprises qu’il fréquente. 

C’est donc le moment de prendre un décision. Celle de quitter ce système de consultance dans lequel il ne peut choisir ses clients et de monter sa propre entreprise. Une entreprise qui collerait parfaitement à ses valeurs et qui lui permettrait de les faire vivre davantage. 

Un constat partagé par de plus en plus de jeunes entrepreneurs

Tout comme Morgann Dawance de Shak and Kai (désolé Morgann d’avoir écorché le nom de ton entreprise dans l’audio de cet épisode…) qui nous a chaudement recommandé d’inviter Aurélien, c’est une question de valeurs. Nous avions d’ailleurs déjà fait l’analyse d’une urgence à se remettre en question pour ces grandes entreprises de stratégie si elles veulent rester attractives pour ces jeunes talents. Le changement aura lieu comme ça. De plus en plus de talents se détournent des grands groupes qui n’assument pas leurs responsabilités sociétales. Elles vont devoir s’adapter et respecter une certaine éthique ou en tous cas assumer leurs responsabilités pour rester attractives. Enfin, ne nous leurrons pas. L’appât du gain reste fort ancré chez certains jeunes aussi, mais les choses changent petit à petit. 

Le Start Lab un incubateur de start-up

Après avoir quitté tout ça, il intégrera le Start Lab. C’est d’ailleurs au Start Lab, l’incubateur de start-up qu’il fera la connaissance de Morgann Dawance. Cet incubateur est ouvert à tous. Vous ne devez pas spécialement avoir fait Solvay même s’il y a un partenariat très fort entre l’ULB et le Start Lab. Il est plutôt réservé aux jeunes puisqu’ils accompagnent les entrepreneurs ambitieux de moins de 30 ans sur une période de 2 ans. 

Aurélien Marino va donc au Start Lab où il sera suivi durant deux années. Lors de l’interview, il fêtait d’ailleurs les 2 années d’existence de Happy Hours Market avec l’entreprise. Anniversaire un peu contrarié puisque nous sommes en période de Covid19 et que les regroupements sont interdits.  Nous lui souhaitons de pouvoir fêter bien d’autres anniversaires avec Happy Hours Market et toute l’équipe qui œuvrent à cette chasse au gaspillage. 

Aurélien Marino et le choc du gaspillage alimentaire 

C’est aussi à cette période qu’il rencontre un employé de supermarché qui enlève des rayons des produits en les mettant dans des chariots. Curieux, il lui demande ce qu’il fait et, un peu gêné, l’employé lui explique que ce sont des invendus et qu’ils vont être jetés. Aurélien est choqué de voir la quantité de nourriture qui va terminer à la poubelle et une fois de plus il repense à sa mère. En se renseignant, il apprend que le gaspillage alimentaire représentait l’équivalent de plusieurs millions de tonnes par an. C’est comme si chaque Belge jetait chaque jour 1 kg de nourriture directement à la poubelle. Ces chiffres donnent le vertige. 

Il la tient son idée. C’est d’ailleurs souvent comme ça que naissent les entreprises. On constate un point bloquant, une problématique ou encore un manquement grave et l’entrepreneur prend la décision de régler ce point, cette problématique ou encore de pallier ce manquement. Quand on parle d’entreprise, il s’agit de n’importe quelle manière d’entreprendre. Une association est une entreprise. Des collègues qui se mobilisent pour récolter des fonds, c’est aussi une entreprise. Seule l’échelle diffère. Rappelez-vous l’histoire de Terry Fox

Happy Hours Market la start-up d’Aurélien Marino

Aurélien Marino décide donc de s’attaquer à cette problématique. C’est comme ça que naîtra Happy Hours Market. Un système de camions qui récupèrent les invendus dans une collaboration avec certains supermarchés. Ces camions sont repérables sur la carte de l’application. Ils sont toujours aux mêmes endroits dans une commune. Pour le moment c’est sur Bruxelles (Ixelles, Forest, Jette, etc.)  D’ailleurs, si vous voulez un Happy Hours Market près de chez vous. Contactez votre commune et faites en sorte de convaincre votre Bourgmestre et les échevins responsables pour qu’ils acceptent une mise en contact avec Aurélien Marino. Bref, sur l’application, il y a une heure d’ouverture. Vous pouvez commander les produits qui y sont proposés et après 19h30, vous pouvez aller les chercher. La plupart des produits sont à 50%. Ce qui n’est pas vendu est redistribué aux associations d’aides aux SDF. Tout le monde y gagne !  

Camion HHM
Logo du camion Happy Hours Market
Camion HHM à Matonge
Camion Happy Hours Market à Ixelles

Des valeurs, toujours !

Quand on demande à Aurélien Marino une personne qui a eu une influence sur lui, outre sa mère, il citera Luis Von Ahn, le fondateur de Duolingo. Cet informaticien s’est rendu compte qu’un facteur d’exclusion ou, du moins, d’accès à des jobs rémunérateurs était l’accès aux langues. Il a donc créé un site permettant aux personnes d’apprendre gratuitement celles-ci. 

Ce site a très rapidement grandi et les dépenses tournaient autour de plusieurs milliers de dollars par mois pour le faire fonctionner. Il a donc été voir des fonds d’investissement pour l’aider à gérer sa croissance exponentielle. Ceux-ci étaient évidemment très intéressés par la traction que générait Duolingo, mais exigeaient que le site devienne payant. Impossible pour Luis Van Ahn pour qui l’accès gratuit aux langues était au cœur de son projet. Il a donc refusé plusieurs offres et a décidé de partir sur un modèle business appelé freemium. Vous avez un accès au site gratuitement, mais il y a des publicités, si vous avez les moyens et que vous ne voulez pas les publicités ou, tout simplement que vous désirez contribuer, vous pouvez prendre un abonnement payant. Il a donc réussi à conserver l’accès gratuit à l’apprentissage des langues pour les moins favorisés tout en rendant son business rentable.

Il a gardé ses valeurs et son cap quoiqu’il arrive et c’est ça qui inspire Aurélien. Avoir une idée qui se transforme en mission et des valeurs qui font vivre cette mission !  Un bel exemple de persévérance comme nous aussi, nous les aimons chez RSPCT. Merci pour ce partage !

Nous avons fort aimé nous entretenir avec Aurélien Marino et l’on espère que vous avez pris beaucoup de plaisir à écouter l’épisode et/ou à lire cet article. Dites-nous ce que vous en pensez, nous sommes curieux. Vous savez que l’on fait ça en plus de nos jobs donc tous les conseils sont les bienvenus pour que nous puissions nous améliorer. 

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Un grand merci à Ruben pour l’habillage sonore du podcast. La musique vous plait ? Retrouvez le sur Soundcloud.

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