Le 14 décembre 1911, l’explorateur norvégien Roald Amundsen est le premier homme à atteindre le Pôle Sud. Son expédition précède de quelques semaines celle du Britannique Robert Falcon Scott qui n’en reviendra malheureusement pas. Cette course au Pôle Sud est une étape majeure de l’âge héroïque de l’exploration de l’Antartique. Celui-ci débute en 1895, lorsque le sixième congrès international de géographie lance un appel solennel à tous les cercles scientifiques du monde pour explorer ce continent méconnu. Huit pays tenteront seize expéditions différentes. Cet âge héroïque se termine à la mort d’Ernest Shackleton en 1922.
Après Amunsen et Scott, il faudra 46 ans avant qu’une expédition terrestre ne retourne au Pôle Sud. Un certain Sir Edmund Hillary l’atteint le 3 Janvier 1958, cinq ans après avoir vaincu l’Everest. Mais cette fois l’expédition utilise des véhicules motorisés. Peu de temps après son arrivée, le Britannique Vivian Fuchs rejoint Hillary au pôle en venant de la direction opposée. Fuchs poursuit ensuite sa route et rejoint la Mar de Ross, devenant ainsi le premier Homme à compléter la traversée de part en part du continent. Il lui aura fallu 99 jours pour effectuer ce périple de plus de 3,000 kilomètres.
Roald Amundsen
Roald Amundsen est né le 16 juillet 1872 à Borge, en Norvège. Il a 18 ans lorsque Fridtjof Nansen traverse le Groenland en ski, et il décide de devenir à son tour explorateur polaire. Il effectue son apprentissage de la vie de marin à bord des navires de la flotte de son père, armateur. Amundsen est ensuite engagé comme Second par le belge Adrien de Gerlache, qui prépare une expédition polaire en Antartique à bord d’un phoquier rebaptisé la Belgica.
L’expédition quitte Anvers le 16 août 1897, passe par Madeire, Rio et Montevideo avant d’atteindre le cercle polaire Antarctique le 15 Février 1898. Cherchant un passage entre la mer de Bellinghausen et la mer de Weddell, de part et d’autre de la péninsule antarctique, Adrien de Gerlache engage son navire dans les glaces dérivantes. La saison avance, et le navire se retrouve prisonnier dans la banquise aui se reforme. L’expédition devient la première à hiverner en Antarctique, et mettra 13 mois à se dégager. Les provisions ne sont pas adaptées à un séjour aussi long et plusieurs membres d’équipage, dont Gerlache, sont atteints de Scorbut.
Amundsen assume donc le commandement, et sur les conseils de l’américain Frederick Cook, docteur de l’expédition, fait distribuer de la viande fraîche de manchot et de phoque. Leur faible teneur en vitamine C est cependant suffisante pour soigner les malades et éviter d’autres cas. En février 1899, la mer n’est plus qu’à 500 mètres mais le navire est toujours coincé dans une épaisse couche de glace et la possibilité de devoir passer un second hiver sur place est bien réelle. Les hommes sont conscients que leurs chances de survie deviennent très minces, et parviennent à creuser un chenal à l’aide d’explosifs et d’outils de fortune. La Belgica est finalement libérée et peut rentrer à Anvers…
Le passage du Nord-Ouest
De retour en Norvège, Amundsen prépare sa première expédition personnelle : L’ouverture du passage du Nord-Ouest. Le but est de relier par la mer l’Atlantique au Pacifique, en passant par le grand Nord canadien jusqu’au détroit de Béring. Découvert par voie terrestre en 1822, il n’a encore jamais été ouvert par voie maritime. Accompagné de six compagnons, Amundsen embarque le 16 juin 1903 sur un petit navire de pèche de seulement 47 tonnes, le Gjøa. Il lui faudra trois ans avant de trouver un passage, trois hivers dans les glaces durant lesquels il apprendra auprès d’Inuits à mener des chiens d’attelage et à porter des vêtements en fourrures au lieu des parkas en laines, moins adaptées. Il arrive à Nome, sur la côte Pacifique de l’Alaska en 1906. Un bateau plus grand n’aurait pu faire le voyage, en raison de hauts-fonds…
L’Expédition Amundsen
Amundsen peut ensuite se consacrer à son grand projet : être le premier homme à atteindre le pôle Nord. Fridtjof Nansen lui prête son navire le Fram, et Amundsen entame les préparatifs d’un voyage prévu pour quatre ou cinq ans. Mais le 1er septembre 1909, Frederick Cook, l’ancien médecin du Belgica annonce qu’il a atteint le pôle Nord le 21 Avril. Quelques jours plus tard, un autre américain, Robert Peary, annonce l’avoir atteint le 6 avril, soit avant Frederick Cook. La course au Nord semble donc perdue, et Amundsen décide immédiatement de partir à l’assaut du Pôle Sud. Mais une autre expédition est déjà en préparation, l’expédition Terra Nova du Britanique Robert Falcon Scott.
Robert Falcon Scott
Robert Scott est né le 6 juin 1968 près de Plymouth, en Angleterre. Il entame sa formation dans la marine à l’age de 13 ans, comme cadet à bord du navire école HMS Britannia. Il continuera sa carrière au sein de la Royal Navy, devient Lieutenant en 1989 et enchaîne les examens théoriques et pratiques. En 1899, il rencontre l’explorateur et géographe Britannique Clements Markham qui lui apprend qu’une expédition en Antarctique se prépare. Avec le soutien de Markham, Scott obtient le commandement de l’expédition, tout en étant promu au grade de Capitaine de Frégate.
L’expédition Discovery quitte la Grande Bretagne le 31 juillet 1901 et arrive en Nouvelle-Zélande via Le Cap le 29 novembre. Le 21 décembre, le navire part pour l’Antarctique. Les membres de l’expédition, marins ou scientifiques, n’ont pratiquement pas d’expérience du milieu polaire. Le but premier est donc de se familiariser avec ce milieu particulièrement hostile, et d’explorer les abords de ce nouveau continent. Scott et son équipe réalisent de nombreux relevés géographiques et météorologiques, passent un hiver dans les glaces et tentent quelques incursions sur le continent. Le 30 décembre 1902, ils atteignent la latitude de 80°17’ Sud, ce qui constitue un record.
Parmi les officiers de Scott se trouve un certain Ernest Shackleton, qui organisera ses propres expéditions par la suite. D’abord l’expédition Nimrod qui arrivera à moins de 100 miles du pôle Sud en 1909, et surtout l’expédition Endurance. Visant à traverser l’Antarctique de part en part, l’expédition est un échec quand le navire est coincé, puis broyé par les glaces en 1915. En pleine Guerre Mondiale, le Royaume-Uni ne peut pas organiser de mission de sauvetage… Les 28 naufragés emmenés par Shackleton survivront 22 mois en Antarctique avant de rejoindre une station baleinière par leurs propres moyens. Shackleton parvient à sauver tous les membres de son expédition, et entre dans la légende.
La course au Pôle Sud
Robert Scott va tenter à son tour d’atteindre le Pôle Sud en montant l’expédition Terra Nova, forte de 65 hommes. L’expédition Nimrod de Shackleton ayant échoué à 160km du pôle, et celle d’Amundsen ayant annoncé viser le pôle Nord, Scott pense avoir la voie libre. Mais le canal de Panama n’existe pas encore. La route d’Amundsen vers le pôle Nord commence donc par un voyage vers le Sud, jusqu’au cap Horn, pour remonter ensuite tout le continent américain jusqu’au détroit de Bering. Et c’est en cours de route qu’Amundsen apprend que Frederick Scott a atteint le pôle Nord , et qu’il décide de changer d’objectif. Il n’avertira son équipage qu’au dernier moment, et préviendra également Robert Scott par télégramme en atteignant Madère. Amundsen est donc devant…
Amundsen touchera terre le 14 janvier 1911, dans la Baie des Baleines, sur la barrière de Ross. Fort de ses expériences précédentes, Amundsen et ses hommes utilisent des chiens de traineaux, des skis et des vestes en fourrure. Ils établiront plusieurs dépôts successifs, et la dernière étape démarre le 19 Octobre 1911. Amundsen, 4 hommes et 52 chiens quittent le camp de base et arrivent au pôle le 14 décembre. Après leur victoire, ils sont de retour au navire le 25 janvier 1912
Le destin de Robert Scott
Après avoir installé son propre camp, Scott commence son périple le 13 septembre 1911. Il utilise également des chiens pour le début de l’expédition, mais les renvoie après avoir déposé les stocks de nourriture servant au retour dans les dépôts le long du chemin. Scott continue avec quatre hommes et quelques poneys, qui succombent rapidement et servent de nourriture. Mais les conditions sont terribles, et l’hiver austral arrive inexorablement. Scott atteint le pôle le 18 janvier 1912, pour y trouver une lettre d’Amundsen datée du 16 décembre. La saison est maintenant bien avancée, et le retour s’avère très difficile. Le premier homme, Evans, meurt le 17 février. Oates se sacrifie le 16 mars, ne voulant pas ralentir ses équipiers. Mais ce ne sera pas suffisant.
Le corps de Scott et des deux derniers membres de l’expédition ne sera retrouvé que le 12 novembre, à la fin de l’Hiver, par une équipe de recherche montée par les autres membres de l’expédition.
La dernière entrée du journal de Scott date du 29 Mars 1911 : « Chaque jour nous sommes prêts à nous rendre à notre dépôt à 11 milles d’ici, mais devant l’entrée de la tente persiste un paysage de congères se déplaçant au gré du vent. Je ne pense pas qu’on puisse espérer mieux maintenant. Nous lutterons jusqu’à la fin, mais nous nous affaiblissons, évidemment, et la fin est proche. C’est regrettable mais je ne pense pas que je puisse écrire davantage.
R. Scott.
Pour l’amour de Dieu, prenez soin de nos familles ».
L’influence
Le succès de l’expédition d’Amundsen et le sort tragique de celle de Scott frappent l’imagination du public et suscitent un véritable engouement. En 1956, les Etats Unis construisent une base permanente au pôle Sud, et la baptisent base antarctique Amundsen-Scott en hommage aux deux explorateurs. La station est toujours en activité, et près de 200 scientifiques y travaillent chaque été.
Pour l’anecdote, la plupart des historiens polaires considèrent que ni Frederick Cook, ni Robert Peary n’ont véritablement atteint le Pôle Nord en 1909. Selon eux, le premier homme à avoir véritablement atteint le pôle Nord est donc… Roald Amundsen, qui le survole en 1926 à bord du dirigeable Norge, construit par l’ingénieur italien Umberto Nobile.
Amundsen disparaît le 18 Juin 1928, à bord de son hydravion. Il s’est probablement abîmé en mer en recherchant des survivants du crash de l’Italia, le nouveau dirigeable de Nobile. Son corps ne sera jamais retrouvé.
Robert Scott disparaît en laissant un fils de deux ans, Peter Markham Scott nommé ainsi en hommage à Clements Markham qui lui confia le commandement de l’expédition Discovery. Peter est l’un des fondateurs du WWF et en dessine le célèbre logo.
C’est magnifique ! Passionnant et instructif ! Merci pour une personne comme moi qui ne savat rien sur le sujet !merci !